Le Nouvel An chinois-1

Le Nouvel An chinois se détermine depuis le 2ème siècle avant notre ère à partir d’un calendrier luni-solaire complexe.

jour de l'an chinois

Fiabilité des calendriers

Toutes les civilisations ont établi des calendriers afin de définir des repères temporels fiables pour l’agriculture, les fêtes religieuses et civiles.

La plupart ont été abandonnés à cause de leur manque d’exactitude. L’occident en a connu plusieurs, notamment le calendrier Julien (46 avant notre ère) puis le calendrier Grégorien (fin du XVIème siècle), dérivé du calendrier Julien, toujours en vigueur aujourd’hui. Ce dernier est devenu le calendrier du monde chrétien puis progressivement a été adopté par la majorité des pays.
Etablir un calendrier est une tâche extrêmement complexe qui contient toujours une part d’arbitraire plus ou moins importante.
Il faut définir les astres de référence, soleil ou lune, des unités de mesure et décider d’un début.  Mais quelle que soit l’unité de mesure utilisée, le temps orbital des astres de référence se termine toujours par des décimales. Cela engendre des décalages progressifs qui faussent les calendriers au bout d’un certain temps, à moins de procéder à des corrections régulières.

Les deux calendriers les plus utilisés actuellement sont le calendrier Grégorien, fondé sur le cycle solaire et le calendrier chinois, fondé sur les cycles solaires et lunaires.

Le calendrier chinois

L’histoire mythique attribue à l’Empereur Jaune l’invention du premier calendrier, soit aux environs de 2637 avant notre ère. Aucun élément de preuve ne vient confirmer cela. Cependant il semble que le concept d’année remonte aux environs du 22°siècle avant notre ère. C’est en tout cas ce que suggère le plus ancien dictionnaire chinois, le Er Ya, rédigé quelques siècles avant notre ère.

Durant des siècles, chaque dynastie modifia les repères des calendriers : les Xia (-2100 à -1600) fixèrent le premier mois de l’année lunaire au début du printemps, les Shang (-1600 à -1046) le placèrent au dernier mois de l’hiver et les Xin (9 à 26) au premier mois de l’hiver. Chaque empereur modifiait le calendrier afin de le faire coïncider avec les dates de son accession au trône. Toutes ces modifications eurent pour fâcheuses conséquences de plonger le monde paysan dans de grandes difficultés pour déterminer les dates de semailles et autres travaux des champs. C’est sous la dynastie Han que l’empereur Wu Di (-156 à -87) imposa l’idée d’un calendrier qui rende compte au mieux des observations astronomiques réelles. Il en découla un calendrier nommé Tai Chu qui perdura, moyennant quelques importantes corrections, jusqu’en 1911, date de la chute de l’empire des Qing. La réforme la plus importante date de 1645. Elle fut apportée par le père jésuite Adam Schall, devenu directeur du Bureau Astronomique Impérial sous le règne de l’empereur Shunzi de la dynastie Qing. Cet astronome fut l’un des nombreux jésuites ayant trouvé grâce auprès des empereurs chinois car apportant avec eux des connaissances astronomiques plus précises que celles fournies par leurs homologues locaux.
L’établissement du calendrier revêtait une importance toute particulière. La légitimité des empereurs dépendant du Mandat du Ciel, les événements prévus ou imprévus par le calendrier (éclipses, comètes etc…) étaient susceptibles de renforcer ou d’affaiblir leur autorité. En conséquence, chaque année, une présentation du nouveau calendrier se déroulait en grande pompe à la cour. La production et la diffusion du calendrier étant un strict monopole d’état, les versions non autorisées par le bureau astronomique impérial étaient punies de mort.

Chaque civilisation a cherché à mesurer le temps. Dans ce but, elles eurent recours à l’observation des deux principaux luminaires, le soleil et la lune. Autant le mouvement apparent du soleil est relativement simple à observer et à calculer, autant celui de la lune est complexe. La Chine antique ayant choisi d’établir un calendrier luni-solaire, la tâche fut particulièrement ardue à réaliser et nécessita des corrections importantes et permanentes.

Avant d’aller plus loin, nous devons présenter quelques notions élémentaires d’astronomie.

L’année solaire en astronomie

La Terre achève un tour complet autour du soleil en 365,256363 jours. Cette orbite très légèrement elliptique est appelée écliptique. La légère irrégularité de 365 jours 5 heures et 48 minutes se compense facilement par l’ajout d’un jour tous les 4 ans au mois de février ; ce sont les années bissextiles. Cette correction permet de conserver une valeur moyenne de 365 jours par année. Mais les douze minutes manquantes pour faire précisément 6 heures devront elles aussi être compensées tous les 120 ans sous peine de fausser le calendrier d’un jour…

L’année lunaire en astronomie

Il existe deux façons de mesurer la période lunaire. L’une est appelée mois lunaire sidéral et mesure le temps que met la lune pour boucler un tour complet autour de la Terre et revenir à sa position initiale. Ce mois lunaire est de 27,32 jours.
La deuxième mesure, appelée mois synodique est le temps que met la lune pour revenir à sa phase de nouvelle lune. Ce mois dure 29,53 jours. C’est le mois retenu dans le calcul du calendrier lunaire chinois.

On entrevoit immédiatement la difficulté à établir une année lunaire qui coïncide avec l’année solaire puisqu’elles n’ont pas de diviseur commun.

Pour les anciennes civilisations, les deux luminaires permettaient deux types de mesures du temps. Le soleil précisait une mesure du temps à moyen terme, d’un solstice d’hiver à l’autre tandis que la lune réglait une mesure à court terme, d’une nouvelle lune à l’autre soit 29 jours environ, fractionnable en 4 périodes de 7 jours. Ceci n’étant que des valeurs moyennes mais suffisantes pour permettre une utilisation agricole.

Le calendrier solaire chinois

Les chinois ont découpé l’orbite terrestre en 24 sections de 15 degrés chacune soit un total de 360 degrés. Chacune porte un nom qui renvoie à des conditions climatiques particulières ou à des événements observables tels que « grandes chaleurs, petites neiges, grands froids » ou bien « le réveil des insectes « . L’année solaire débute au solstice d’hiver et deux sections de 15 degrés forment un mois solaire.
Cette division en 24 secteurs a donné naissance à des pratiques de Qi Gong (Chi Kong) visant à maintenir la personne en harmonie avec les qualités d’énergie du moment. La plus connue d’entre elles porte le nom de Hsio Chen et fait partie des Qi Gong thérapeutiques.

Le calendrier lunaire chinois

Afin de simplifier les calculs, le calendrier lunaire chinois alterne des mois de 29 et 30 jours. 
Mais cela ne permet pas de boucler une année en 365 jours. Il y a donc eu nécessité pour les astronomes chinois de rajouter chaque année un mois intercalaire de durée variable. Cette correction permettait de faire coïncider année lunaire et année solaire. Comme chacun le sait, certaines années voient 12 lunaisons complètes et d’autres 13.
Dans le but de faciliter l’établissement de la date du nouvel an chinois, en 104 avant notre ère (dynastie Han) il a été décidé que le mois intercalaire serait inséré entre le deuxième et le neuvième mois lunaire et que le solstice d’hiver tomberait obligatoirement durant le onzième mois lunaire. 

Bien que le calendrier agricole soit principalement un calendrier solaire, tout jardinier connaît l’importance de la lune pour ce qui concerne les semis. Il était donc nécessaire d’affiner le calendrier solaire en y incorporant les cycles lunaires. Il est probable que la persistance du calendrier luni-solaire en Chine trouve là l’une de ses causes.

Le calendrier luni-solaire et le Nouvel An chinois

Le calendrier solaire servait principalement à organiser l’agriculture tandis que le calendrier lunaire concernait plus particulièrement la vie civile et religieuse.
Bien que plus complexe en réalité, le calendrier luni-solaire chinois peut se résumer de la façon suivante :

– l’année solaire débute au solstice d’hiver, le 21 décembre.

– le nouvel an chinois débute la plupart du temps à la deuxième nouvelle lune suivant le solstice d’hiver. Ce qui place le nouvel an généralement entre le 21 janvier et 21 février. Cette règle n’est pas absolue car à cause des décalages des cycles solaires et lunaires, certaines années ne valident pas cette pseudo-règle (par exemple 2033).

– le Nouvel An chinois marque aussi le début du printemps.

La suite de cet article traitera du cycle de 60 ans associé au zodiaque chinois.

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Jean Pierre

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